Résumé
André Lallemand (1904-1978) est le concepteur d’une caméra électronique qui porte son nom et qui est identifiée, dans la communauté astronomique, comme le précurseur des détecteurs modernes. Intégrant l’Observatoire en 1943, Lallemand y crée à partir de 1945 le laboratoire de physique astronomique. L’inventaire et la valorisation d’un important fonds d’archives de l’Observatoire de Paris relatif à la caméra électronique est en cours dans le cadre d’une résidence de recherche CollEx-Persée à la Bibliothèque. Le fonds d’archives « Lallemand » de l’Observatoire de Paris est remarquable à plus d’un titre : par ses dimensions, par son hétérogénéité car elles documentent les activités des techniciens de laboratoire jusqu’à celles de son directeur, par la longue période couverte. À l’occasion de la clôture de cette résidence, un colloque d’histoire des sciences et des techniques permettra de faire le point sur l’histoire de cet instrument en France entre 1936, date de publication de l’article séminal de Lallemand, et 1986 où son usage cesse au sein de l’Observatoire de Paris. Ce colloque souhaite étudier le contexte d’émergence de ce laboratoire et de l’instrument au sein de l’Observatoire de Paris, comparer son développement avec celui d’instruments similaires aux États-Unis, comme ceux portés par la Carnegie Institution, et s’interroger sur la nature particulière de ces nouveaux détecteurs qui permettent des applications multiples.
Justification scientifique
Le sociologue Terry Shinn a caractérisé les instruments génériques comme des outils conçus à partir d’un corpus théorique stabilisé et capables de circuler dans des aires de recherche très différentes. Nous faisons l’hypothèse, pour ce colloque, que la caméra de Lallemand peut être étudiée sous l’angle de sa généricité et de ses propriétés transdisciplinaires. En effet, Lallemand a proposé, puis sophistiqué au cours du temps, un instrument qui s’est répandu dans le champ de l’astronomie – au point d’être adopté par de nombreux observatoires de par le monde. Surtout, les rapports étroits entretenus par Lallemand avec la Marine à la sortie de la guerre expliquent, au moins en partie, les usages pluriels de sa caméra et de ses tubes intensificateurs. Le colloque sera l’occasion d’étudier plus précisément les conditions de cette circulation entre champs différents (militaire, physique, astronomie). Nous mettrons à l’épreuve le concept d’instrument générique en questionnant également les liens qui peuvent exister entre la caméra Lallemand et d’autres technologies instrumentales fondées sur l’optique électronique (par exemple le microscope électronique de Gaston Dupouy). Nous explorerons également les tentatives renouvelées de Lallemand de perfectionner et modifier son instrument initial – ce qui semble indiquer une sorte d’inclinaison pour l’astrophysique avant tout, sa discipline d’expérience. Nous profiterons du colloque pour ressaisir les conditions socio-épistémiques qui ont permis de faire éclore les instruments d’optique électronique, à savoir la physique de l’entre-deux guerre en France.
Cette journée d’étude sera diffusée sur le web et fera l’objet d’une publication (Cahiers François Viète). Il comprendra une formule hybride (présentiel/distantiel).
Programme scientifique préliminaire
9h00 - 12h00 : La caméra Lallemand dans son époque
14h00 - 18h00 : Aspects internationaux, instruments génériques autres
Jérôme Lamy (CNRS – CESSP -EHESS) sur l’instrument générique
Samantha M. Thompson (National Air and Space Museum - Smithsonian Institution) sur les tubes images de la Carnegie Institution
Frédéric Soulu (Résidence CollEx-Persée, Observatoire de Paris – PSL) sur le développement de la caméra électronique à l’Observatoire de Paris
Intervenant sur un autre instrument générique (Nestor Herran)
Historien sur la période (choix en cours)
Dernière modification le 9 mai 2022